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Fairey Barracuda

Fairey Barracuda

Le Fairey Barracuda est un bombardier-torpilleur, bombardier en piqué de l'aéronavale britannique (Fleet Air Arm), utilisé durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut le premier appareil de ce type construit entièrement en métal. Destiné à remplacer les vieillissant biplans Fairey Swordfish et Fairey Albacore, il joua un rôle important dans l'attaque du cuirassé allemand Tirpitz et était connu pour son allure insolite lorsqu'il avait les ailes repliées.

Le projet Barracuda tient son origine de la Spécification S.24/37 de l'Air Ministry de 1937, pour un bombardier-torpilleur monoplan. Six projets sont soumis, les projets de Fairey et de Supermarine avec son Type 322 furent les deux sélectionnés pour une pré-commande de deux prototypes. Le prototype du Fairey Barracuda vole le 7 décembre 1940 et le Supermarine Type 322 quant à lui ne vole pas avant 1943. Le Barracuda est  à cette époque en production, le projet type 322 est arrêté.

Le Barracuda est un monoplan tout en métal à ailes hautes dites cantilever avec un fuselage ovale. Il est équipé d'un train d'atterrissage rétractable et d'une roulette de queue fixe. Ce train hydraulique en forme de "L" doit être remonté manuellement pour venir se loger dans un espace situé dans le bord du fuselage, les roues quant à elles se logent dans les ailes. La crosse d'appontage est montée juste avant la roulette de queue. Les trois membres d'équipage sont placés en tandem sous une verrière continue. Le pilote à une verrière coulissante et celles des deux autres membres est articulée. Les deux membres d'équipage à l'arrière peuvent changer de place, le navigateur utilisant alors les hublots situés sous la ligne des ailes pour avoir une meilleure visibilité vers le bas.

Les ailes possèdent de très larges volets Fairey-Youngman qui augmentent la surface alaire au décollage (inclinaison à 20°) et qui peuvent servir d'aérofreins (inclinaison à 30°) pour le bombardement en piqué. Bien qu’originalement équipé d'une dérive conventionnelle, la queue du second prototype est transformée avec une configuration en "T" quand les tests en vol démontrent que la stabilité doit être améliorée.

Le Barracuda doit être à l'origine équipé d’un moteur Rolls-Royce Exe de 24 cylindres en "X" (Moteur avec deux lignes de cylindres en V opposées), mais la production de ce moteur ayant été abandonnée, les essais sont retardés le temps de trouver un remplaçant. Les prototypes prennent finalement leur envol avec un moteur V-12 moins puissant, le Rolls-Royce Merlin 30 de 1 260 chevaux, qui actionne une hélice De Havilland tripale.

Les tests suivants avec les prototypes ainsi que les premiers exemplaires de production de la version Mk. I révélent que l'avion est largement sous-motorisé en raison du poids des appareils rajoutés depuis la conception finale. Seulement 30 exemplaires du Barracuda Mk I sont construits (25 par Boulton Paul et 5 par Westland) et utilisé uniquement à des fins de tests et de formation.

Le remplacement du poussif Rolls-Royce Merlin 30 par un Rolls-Royce Merlin 32 de 1 640cv et l'ajout d'une hélice quadripale, donne naissance à la version définitive du Barracuda Mk. II. 1 688 exemplaires sortentt des chaines de production de Fairey (675 unités construites dans les usines de Stockport et Ringway), Blackburn (700), Bouton Paul (300) et Westland (13). Cette version embarque en plus un radar de lutte ASM (Air to Surface Vessel radar Mk II) avec un antenne Yagi-Uda au-dessus des ailes. La version Mk. III du Barracuda est un Mk II optimisé pour la lutte anti-sous-marine, dont le radar ASV métrique est remplacé par un radar ASV centimétrique placé sous le fuselage arrière. 852 variantes Mk. III furent produites (406 par Fairey et 392 par Boulton Paul). Au total toutes versions confondues, 2 607 Barracudas furent mis en service. 

La version Barracuda Mk. IV qui ne dépassa pas le stade de la planche à dessin, et dont la version suivante et finale appelée Mk. IV fut équipée d'un moteur Rolls-Royce Griffon à la place du Merlin. La puissance supplémentaire et le couple généré par le Griffon requirent des plusieurs modifications aérodynamiques : La dérive fut élargie, l'envergure des ailes augmentée... La version Mk. IV basée sur une Mk. III convertie, vola pour la première fois le 16 novembre 1944 et Fairey ne put construire que 37 exemplaires avant la fin de la Guerre.

Les premiers Barracuda Mk. I étaient sous-mototorisés et souffraient d'une trop faible vitesse ascensionnelle. Cependant en vol, celui-ci s'avérait relativement facile à piloter. La version tardive Mk. II avec son moteur Merlin 32 augmentait la puissance initiale de 400cv. Les pilotes appréciaient les larges aérofreins et la bonne visibilité de l'appareil, qui rendaient les appontages plus faciles. La mise en marche des aérofreins à grande vitesse pouvait entrainer un changement brusque d'assiette qui jetait l'appareil dans un brusque cabrage. Cet incident c'est avéré fatal à au moins cinq reprises durant des exercices de torpillage.

Durant sa première mise en service actif, le Barracuda connu un taux élevé d'accidents mortels inexpliqués, impliquant souvent des pilotes expérimentés. Ce n'est quand 1945, que l'on connu le fin mot de l'histoire, ces accidents étant causés par des petites fuites du circuit hydraulique. Le point commun à ces fuites était qu'elles se produisaient au niveau de la jauge de contrôle sur le tableau de bord, le jet allant directement dans le visage du pilote. Du fait que les fluides hydrauliques utilisés contenant un grand part d'éther et que ces avions n'étaient que rarement équipés de masques à oxygène (les équipages les mettant en plus rarement en dessous de 3 000 m d'altitude) firent que les pilotes devenaient rapidement inconscients, entrainant un accident fatal. Un ordre de l'amirauté passa en mai 1945 pour exiger que tous les appareils soient équipés de masque à oxygène et que les équipages les portent à tout moment.

Les premiers Barracuda entrèrent en service le 10 janvier 1943 au sein du 827 Naval Air Squadron au-dessus de l'Atlantique Nord. Au final, plus de 23 squadrons de la Fleet Air Arm et de la Royal Air Force furent équipés de ce type d'appareils. A partir de 1944, Les Mk. II en service étaient accompagnés en mission par des Mk. III pourvus de radar pour la lutte ASM. Le baptême du feu du Barracuda eut lieu en juillet 1943 au large des cotes de Norvège avec le 810 squadron du HMS Illustrious, avant de partir soutenir le débarquement de Salerne sur le front méditerranéen. L'année suivante, il entra en service actif sur le front pacifique.

La Royal Air Force utilisa quant à elle, des Barracudas Mk. II, à partir de 1943 au sein du No. 567 Squadron RAF basé à Detling. En 1944, d'autres squadrons en furent équipés : le 667 Sqn. de Gosport, le 679 Sqn. de Ipswich et le 691 Sqn. de Roborough. Tous ces appareils furent livrés entre mars et juillet 19453,4.

Les Barracudas anglais furent aussi utilisés comme bombardier en piqué et jouèrent un rôle crucial dans l'attaque du Fjord Kaa (Norvège) contre le cuirassier allemand Tirpitz. Le 3 avril 1942, 42 appareils appartenant aux 827, 829, 830 et 831 Naval Air Squadron des porte-avions britanniques HMS Victorious et HMS Furious réussirent à toucher 14 fois le bâtiment de guerre allemand avec des bombes de 730 kg  et 230 kg. Cette attaque priva la Kriegsmarine de son plus grand navire de guerre pendant plus de deux mois pour réparation.

À partir d'avril 1944, Les Barracudas du No 827 Squadron' du HMS Illustrious menèrent des opérations contre les forces japonaises sur le front pacifique, en prenant part aux raids contre Sabang à Sumatra (Opération Cockpit)7.

Les performances initiales des Barracudas furent réduites à cause du climat du pacifique, l'autonomie se voyant réduite de 30 %. Les squadrons de bombardier-torpilleur britanniques de la British Pacific Fleet se virent donc rééquipés avec des Grumman Avengers8. Cependant les porte avions légers (HMS Colossus, HMS Glory, HMS Venerable et HMS Vengeance) du 11th Aircraft Carrier Squadron qui se joignirent à la flotte britannique du pacifique en juin 1945 furent dotés par navire d'un squadron de bombardier-torpilleur Barracuda (18 appareils) et un squadron d'avion de chasse F4U Corsair (24 appareils).

En plus de sa victoire sur Le Tirpitz, le Barracuda accrocha 2 U-boat allemands à son tableau de chasse. Le premier le 27 octobre 1944, quand les 828 et 841 RNA Squadrons du HMS Implacable aidés par deuxFairey Firefly du 1771 RNA Squadron endommagèrent gravement le U-10601011 au sud de Brønnøysund. Ce sous-marin fut finalement achevé par deux Handley Page Halifax du 502 RAF Squadron et deux Consolidated B-24 Liberator de 311 RAF Squadron. Le second fut un U-boot de poche Seehund Type XXVIIB coulé le 13 avril 1945 par un Barracuda du 810 RNA Squadron à 14 miles des cotes hollandaises.

Le Barracuda fut utilisé pour tester plusieurs innovations aéronautiques comme par exemple les fusées JATO (l'acronyme de Jet Assisted Take-Off) pour l'assistance au décollage ou une hélice à pas inversable pour ralentir l'appareil à l'atterrissage. Il servit au sein de la Fleet Air Arm jusqu'au milieu des années 1950 avant de se faire remplacer par des Grumman

Fairey Barracuda :

  • Moteur Rolls-Royce Merlin 32
  • 1640 Ch
  • 350 Km/h
  • 2 Mitrailleuses 7.7 mm 6 bombes de 115 Kg ou 1 torpille de 735 Kg
  • 6385 Kg en charge
  • 6585 m de plafond pratique
  • 1165 Km en distance franchissable
  • 3 Equipiers