Les bombardements sur Tokyo

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le bombardement stratégique des cibles sans valeur militaire directe est devenu une politique commune. En tant que capitale économique et politique de l'empire du Japon, Tōkyō était une cible évidente d'un assaut sur « la base du tissu économique et social du pays ». La ville fut donc visée par de multiples vagues de bombardements de l'aviation américaine, dont les plus ravageurs eurent lieu de février à juin 1945, peu avant la défaite du Japon.

Le premier raid sur Tōkyō, dit le raid de Doolittle, eut lieu le 18 avril 1942, où seize bombardiers B-25 Mitchell lancés du porte-avions USS Hornet attaquèrent Yokohama et Tōkyō avec pour objectif de poursuivre jusqu'à des terrains d'aviation de Chine. Lancées prématurément, ces incursions furent des « piqûres d'épingle » militaires mais elles constituèrent une victoire significative pour la propagande.

Aucun avion assaillant n'atteignit les terrains d'aviation prévus, soit ils s'écrasèrent, soit ils s'abîmèrent en mer, soit se posèrent en Union Soviétique.

Deux équipages américains furent capturés en sol chinois par l'armée impériale japonaise après que celle-ci eut, en guise de représailles, massacré à l'été 1942 environ 250 000 civils des provinces du Zhejiang et du Jiangxi.

À mesure que les troupes américaines se rapprochaient des côtes japonaises, l’USAF put multiplier les raids et en augmenter leur intensité, d'autant plus que les nouveaux B-29 avaient un rayon d'action de 1 500 miles. Ces derniers ont de ce fait lâché 90 % des 147 000 tonnes de bombes reçues par le Japon.

Au début de l'année 1944, les escadrilles de B-29 décollaient d'Inde ou de Chine, puis, à partir d'octobre 1944, des îles Mariannes (dont Tinian, d'où partit Enola Gay lors de sa funeste mission sur Hiroshima).

Le premier raid de B-29 sur le territoire du Japon eut lieu le 15 juin. Le 24 novembre 1944 eut lieu le premier raid venant de l'est en direction de Tōkyō, comprenant 88 bombardiers. Seulement 10 % des bombes, larguées à 30 000 pieds (10 000 mètres) d'altitude, atteignirent leur objectif.

La quantité de bombardements augmenta après l'arrivée de Curtis LeMay à la tête du 21e Bomber Command situé sur les îles Mariannes en janvier1945.

Les raids de B-29 eurent désormais lieu de nuit, à une altitude de 2 500 mètres sur les principales agglomérations : Tōkyō, Nagoya, Ōsaka, et Kōbe. En dépit du succès limité des bombes incendiaires, LeMay était déterminé à employer de telles bombes contre les villes japonaises vulnérables. Les attaques sur des cibles stratégiques continuèrent de jour, à un rythme moins élevé.

Le premier raid avec des bombes incendiaires au napalm eut lieu sur Kōbe le 3 février 1945 et son « succès » encouragea l'Air Force à continuer dans cette direction. La défense anti-aérienne japonaise n'ayant presque plus les moyens de riposter, les bombardiers furent allégés de leur blindage et de leurs armes pour pouvoir transporter des bombes de plus en plus lourdes. Le premier raid de ce type sur la capitale eut lieu la nuit du 23 au 24 février avec 174 B-29.

Le raid qui eut lieu la nuit du 9 au 10 mars fut le plus meurtrier des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, dépassant en nombre de victimes les bombardements d'Hambourg en juillet 1943 ou de Dresde en février 1945.

Cette nuit-là, 334 B-29 larguèrent 1 700 tonnes de bombes, détruisant environ 30 km2 et causant plus de 100 000 morts dans la tempête de feu.

Il y eut un troisième raid contre Tōkyō le 26 mai 1945.

L'emploi de bombes incendiaires n'était pas exclusif à l'encontre de Tōkyō, car des raids avec des bombes explosives avaient lieu régulièrement. Après la capture de l'île d'Okinawa, les États-Unis y placèrent une division aérienne, ce qui permit d'augmenter la quantité de bombardements de 13 800 tonnes en mars à 42 700 tonnes en juillet avec un objectif de 115 000 tonnes mensuelles.

Tōkyō n'a pas été retenue comme une cible de bombardement nucléaire même si la baie de Tokyo aurait pu faire l'objet d'une démonstration de force non mortelle pour impressionner la population locale et forcer le pays à capituler.

Cette campagne de bombardements détruisit une grande partie de la vieille ville de Tōkyō (51 % environ), alors principalement construite en bois, du fait d'un grand incendie qui en résulta.