La bataille d'Angleterre (Battle of Britain) est une campagne aérienne de la Seconde Guerre mondiale. Ce fut une opération de grande ampleur menée par la Luftwaffe pour détruire les forces aériennes britanniques avec l'intention de l'invasion du Royaume-Uni (Opération Lion de mer).
L'objectif principal à court terme était de détruire le potentiel aérien britannique, en réduisant a néant la production d'avions, en anéantissant les infrastructures aéroportuaires et en intimidant la nation britannique pour la forcer à la neutralité ou à la capitulation.
Forces en présence
Du côté anglais, le poids de la bataille va reposer presque exclusivement sur deux types de chasseurs: le Supermarine Spitfire et le Hawker Hurricane qui possèdent le même moteur Rolls Royce Merlin et un armement identique : huit mitrailleuses Browning de 7,7 mm.
Solide et robuste, le Hawker Hurricane est une meilleure plateforme de tir mais est moins rapide et moderne que le Spitfire, cependant les deux chasseurs sont plus maniables que le Messerschmitt Bf109.
Assez tôt dans la bataille, de par leurs caractéristiques, les Hurricanes seront prioritairement affectés à la destruction des bombardiers alors que les Spitfires s'occuperont des chasseurs allemands.
Côté allemand, le chasseur de référence est le Messerschmitt Bf109, équipé d'un moteur Daimler-Benz à injection directe, ce qui permet de ne pas couper l’alimentation en carburant pendant certaines manœuvres violentes au contraire du Rolls-Royce "Merlin" britannique.
Autre différence il possède deux canons de 20 mm et deux mitrailleuses de 7,92 mm mais ses atouts sont réduits par son manque de maniabilité.
De plus, il est très handicapé par sa faible autonomie qui bridera les pilotes allemands et les rendra moins efficaces. Le chasseur lourd bimoteur Messerschmitt Bf110 possède une autonomie supérieure mais, malgré son puissant armement de deux canons de 20 mm et cinq mitrailleuses de 7,92 mm dans le nez, il est surclassé par les chasseurs anglais bien plus maniables.
Trois types de bombardiers bimoteurs : le Heinkel He111, le Junkers Ju88 Stuka et le Dornier Do17 assez modernes surtout les 2 premiers, sont utilisés par l'armée allemande. Ils souffrent toutefois d'un manque d'armement défensif. Enfin le bombardier en piqué Junkers Ju87 Stuka bien qu'efficace contre des cibles terrestres est très vulnérable à cause de sa lenteur et de son manque d'armement défensif.
Environ 600 Hurricane et Spitfire sont opposés à 2 500 avions allemands et en particulier à environ 1 200 Messerschmitt Bf109 et Messerschmitt Bf110.
Organisation de la Royal Air Force en 1940
L’organisation du commandement de la RAF est double. Il y a d'une part une structure organique, et d'autre part, une structure géographique. Des unités étrangères intégrées à la RAF en combattant aux côtés des soldats de l'Empire britannique : de nombreux Polonais, Tchèques et Slovaques, belges, français et pilotes du Commonwealth.
La couverture radar et la procédure d'interception
Le brevet du radar est déposé en 1935 par Sir Robert Watson-Watt. L'état-major de la RAF saisit immédiatement l'importance d'un tel système. Un total de soixante installations est construit sur l'ensemble des côtes britanniques.
- La procédure d'interception se faisait de la manière suivante : un groupe d'avions est repéré sur les écrans des radars.
- les données sont traitées par les opérateurs et transmises au quartier général du Fighter Command.
- le Quartier Général synthétise les informations et, en fonction des menaces, il transmet des ordres aux différentes sections.
En 1940, le système est rodé même s'il y a toujours des erreurs possibles. En juillet, une formation de trois appareils envoyés intercepter un appareil unique se retrouve face à vingt chasseurs allemands.
Déroulement de la bataille
On peut en gros distinguer trois phases durant cette bataille :
- Le bombardement des convois britanniques (début juillet 1940), appelé "Kanalkampf" (Combat dans la Manche) par les Allemands.
- La tentative de destruction de la RAF (de début août au 7 septembre 1940) ;
- Les bombardements de Londres et des grandes villes (jusqu’à octobre 1940), connus sous le nom de "Blitz" (Eclair) qui se poursuivirent jusqu'au printemps 1941.
Durant la première phase, l'aviation allemande se consacre à l'attaque des convois de ravitaillement britanniques. Cette tactique avait pour but d'isoler l’Angleterre et de forcer les appareils britanniques au combat.
Après un mois d'attaque des convois peu efficace (1 % des bâtiments sous pavillon britannique coulés), l'état-major allemand décide d'affronter directement la RAF sur son sol. Pour ce faire, l'attaque des aérodromes militaires britanniques et des usines de l'industrie aéronautique fut ordonnée. Cette période démarra le 13 août 1940, jour baptisé Adler Tag (Jour de l'Aigle), le mauvais temps ayant repoussé d'un jour le déclenchement des opérations.
Le 15 août, persuadé que la RAF avait perdu près de 300 appareils et que les avions basés dans le Nord du Royaume-Uni avaient été déplacés plus au sud, la Luftwaffe se lance dans la bataille avec la Luftflotte 5, basée en Norvège et au Danemark.
Elle doit attaquer des objectifs en Écosse et dans les Midlands mais les chasseurs de la RAF étaient toujours là et infligèrent de lourdes pertes de l’ordre de 20 %.
La Luftflotte 5 est retirée de la bataille et ses appareils sont envoyés en renfort pour les Luftflotten 2 et 3. Ce 15 août fut appelé "Jeudi noir" par la Luftwaffe.
Le 18 août est un des jours les plus terribles pour les deux camps qui enregistrèrent le plus de pertes dans cette bataille.
Les pertes de bombardiers en piqué Stuka furent telles ce jour-là que l'état-major allemand décida de les retirer en attendant des jours meilleurs.
Le 24 août se produit un évènement qui change le cours de la bataille. Un bombardier Heinkel He 111, croyant attaquer la raffinerie pétrolière de Thameshaven, largua ses bombes par erreur sur Londres, un objectif qui ne devait être attaqué que sur l'ordre personnel d’Hitler. En représailles, dans la nuit du 25 août 1940, la RAF réussie à lâcher quelques bombes sur Berlin.
Hitler piqua une violente colère contre les Britanniques "S'ils bombardent nos villes, nous raserons les leurs, s'ils lâchent des centaines de bombes nous en lâcherons des milliers". Le bombardement de Berlin fut un échec personnel pour Göring qui avait juré que "Si une bombe tombe sur Berlin, vous pouvez m'appeler « Maier » (expression familière allemande pour dire que quelque chose n'arrivera jamais).
Hitler modifie sa stratégie et décide de bombarder les populations des villes britanniques et plus particulièrement de Londres en guise de représailles.
Le 7 septembre, un raid de plus de 100 bombardiers escortés par 400 chasseurs fut envoyé sur Londres. Croyant que la cible de ce raid sont les aérodromes de la RAF, le contrôle au sol britannique laisse les chasseurs de la RAF passer ceux-ci, ce qui laissa le champ libre aux bombardiers allemands. Ce changement a permit à la RAF au bord de la rupture de souffler. En faisant peser le poids de l'offensive sur les populations civiles, les Allemands permettaient à la RAF de se reconstruire.
Le 15 septembre, un raid massif est envoyé sur Londres. Dans son poste de commandement, Hugh Dowding voit les cartes se remplir de symboles représentant les ennemis en approche. Demandant si tous les avions sont en l'air, on lui répondit par l'affirmative. À la question sur l'existence de réserves, on lui répondit de façon négative. À cette époque, plus de 370 avions britanniques couvraient Londres.
En fin de journée, les Britanniques ont perdu près de 40 avions, les Allemands plus ou moins une centaine. Ces résultats expliquent que le 15 septembre reste dans les mémoires comme le "Battle of Britain Day", le jour de la bataille d'Angleterre.
Cette deuxième phase de la bataille prit fin dans le courant du mois d'octobre.
Suite à cela, l'Opération Seelöwe (lion de mer) fut ajournée et l'effort allemand contre l’Angleterre s'amenuisa. Les bombardements de villes britanniques continuèrent tout de même mais avec une intensité moindre jusqu'au printemps de 1941 quand Hitler pris la décision de ramener le gros de la Luftwaffe a l'est en prévision de l'invasion de l’URSS (opération Barbarossa). Cependant, quelques bombardements importants eurent encore lieu sur les villes britanniques, notamment au début du mois de novembre avec les attaques sur Coventry, Birmingham et Wolverhampton.
Les bombardiers allemands ont largués sur Londres 55 000 tonnes de bombes et causés la mort de 40 000 personnes en neuf mois, mais la population Anglaise tient bon, signifiant ainsi l’échec de la stratégie d’Hitler.
Les causes d'un échec
L'échec allemand peut s'expliquer de nombreuses façons.
Tout d’abord un changement constant d'objectifs : les navires, puis les bases aériennes et les usines, et enfin les villes.
La négligence de l'importance du radar, véritable œil de la RAF. Des stations radar ont été ponctuellement attaquées, mais remises en opération assez vite.
Des défaillances criantes des services de renseignement allemands qui ont surestimé les pertes britanniques et commis de grosses erreurs dans l'identification des bases de chasseurs anglais : même fin août les allemands continuent d'effectuer des raids sur des terrains d'entrainements ou de la défense côtière.
L'obstination d’Hitler et Göring à vouloir raser Londres.
Les pertes subies par la Luftwaffe lors de la bataille de France : 20 % des Messerschmitt Bf109 alignés en avril 1940 avaient été abattus.
La faible autonomie du Messerschmitt Bf109, qui ne lui permettait pas d'escorter suffisamment longtemps les attaques des bombardiers. La version "F" équipée de réservoirs largables arriva trop tard. Le seul vrai chasseur à long rayon d'action, le Messerschmitt Bf110 était quant à lui trop peu manœuvrable.
Le manque d'initiative laissé aux pilotes allemands. Même s'ils ont été globalement meilleurs que leurs homologues britanniques (l'as des as allemand Helmut Wick a abattu 53 avions, le Sergent Josef Frantisek - Tchèque volant pour la RAF - en a abattu 17 - score remis en cause en raison des tactiques non conventionnelles de Frantisek), les pilotes de chasse allemands devaient escorter les bombardiers, une tactique pénalisante pour eux.
En outre, la R.A.F disposait de pilotes entrainés "normalement", alors que la Luftwaffe disposait de pilotes très entrainés et de pilotes très peu entrainés (donc pas d'entrainement "moyen"). Les pilotes Allemands étaient aussi moins bien traités que les pilotes anglais qui, eux, disposaient par exemple de plus de jours de permission.
Le rayon d'action trop faible des bombardiers allemands qui ne permettait pas d'attaquer les usines de Spitfire et d’Hurricane en Écosse.
Le lieu des combats. Les pilotes allemands qui sautaient en parachute étaient faits prisonniers. Les pilotes britanniques pouvaient retourner au combat sur un avion neuf.
Le bilan humain et matériel de la bataille d'Angleterre est lourd : 50 000 morts, dont beaucoup de civils, et 2 millions de foyers détruits. Les chiffres officiels avancent plus ou moins 900 avions perdus côté britannique contre plus ou moins 1 700 pour les Allemands.
Cependant, ne sont pas repris côté anglais les nombreux appareils d'entraînement, de secours, de réserve, obsolètes, ainsi que les appareils civils. Si on inclut tous ceux-ci, on peut raisonnablement parler d'un total de 1 200 avions anglais détruits. Les pertes allemandes semblent assez complètes et précises.