Otto Kittel
Otto Kittel né le 21 février 1917 - mort le 14 février 1945 au village de Kronsdorf (Krasov), en pays Sudète, est un pilote de chasse allemand. Du fait de son attitude effacée, il fut assez peu reconnu par ses contemporains, mais aussi des historiens et des spécialistes de la chasse aérienne.
Cependant, tous ses compagnons l'admiraient pour son courage et estimaient son amabilité et son manque total de goût pour la gloriole, le surnommant Bruno, et il n'en demeure pas moins le quatrième plus grand as aérien de tous les temps.
Il rejoint les rangs de la Luftwaffe en janvier 1939, mais n'est affecté à un centre d'instruction en vol qu'en novembre, et obtient son brevet en janvier 1941, alors qu'il est âgé de 24 ans. Il rejoint sa première affectation, la 2e escadrille de la 54e escadre de chasse (2/JG.54), basée à Jeve, dans le nord de l'Allemagne.
Le 31 mai, le sergent Kittel, victime d'un ennui mécanique, dut sauter en parachute; son appareil, le Bf109F2 s'écrasa au sol prés de Spiekeroog.
L'escadre est engagée dans l'Opération Barbarossa, et dés le 24 juin, Otto Kittel obtient ses deux premiers succès en abattant 2 bombardiers bimoteurs Tupolev SB2. Mais c'est le 30 du même mois, qu'au-dessus de Dünaburg, prés de Leningrad, qu'il rencontra celui qui devait se révéler son principal ennemi et dont il devait faire une sanglante moisson: l'Iliouchine Il2 Sturmovik.
Il abat son dixième adversaire, le 12 septembre, et double son score l'année suivante, ce tableau de chasse déjà respectable n'est cependant rien en comparaison de ce qui allait suivre.
Otto Kittel va réellement se révéler comme un pilote exceptionnel, lorsqu'il va être mis aux commandes de son nouvel avion, un Focke Wulf Fw190, au début de l'année 1943. Le 12 janvier 1943, au cours de deux missions, il n’abat pas moins de sept appareils soviétiques, dont trois Il2 Sturmovik, un Polikarpov I 153, deux Yakovlev Yak1 et un Polikarpov U2. Le 24 janvier il obtient sa trentième victoire, un Lavotchkine La5.
Mais pour lui le début de la gloire sonnera le 19 février ; ce jour-là il abattra la 4 000e victoire du JG.54 et ce succès lui permettra de se voir donner l'autorisation par son Kommodore, le Major Hannes Trautloft, d'effectuer dès lors des opérations de « chasse libre » (Freie Jagd) au-dessus du territoire ennemi, qui lui permettront d'accroître plus rapidement son score. Cette autorisation, accordée à titre de récompense, faillit bien lui coûter la vie ou à tout le moins la liberté.
En effet, le 15 mars, après avoir descendu deux Il2 (ses 48e et 49e victoires), il dut effectuer un atterrissage d'urgence, suite à un problème mécanique de son Focke Wulf Fw190A4 , à soixante kilomètres sur les arrières soviétiques. Il mettra trois jours pour rejoindre le front allemand, démuni de tout (il possédait au total une boussole et un paquet de cigarettes… mais pas d'allumettes), sans nourriture et par un froid terrible, dont le seul avantage fut qu'il lui permit de franchir à pied le lac d'Ilmen gelé.
Après un séjour de deux mois en hôpital où il se vit remettre la Deutsches Kreuz in Gold (croix allemande en or) et les épaulettes d'adjudant-chef (Oberfeldwebel), il reprend sa place au 3/JG.54 et obtint sa cinquantième victoire le 11 juin.
C'est à cette époque qu'on lui affecte comme ailier l’Unteroffizier Ulrich Wernitz, futur as aux cent une victoires et dès le mois de juillet il accumula, sans désemparer, les succès : vingt-cinq victoires, dont deux quadruplés et deux triplés, en juillet, 13 en août, 10 en septembre et 18 en octobre.
Il franchit la barre « magique » des 100 victoires le 14 septembre mais dut abattre 23 avions soviétiques supplémentaires avant de se voir remettre la prestigieuse Ritterkreuz (croix de chevalier de la croix de fer) le 26 septembre. Il terminera cette année 1943 avec un palmarès de cent vingt-sept victoires homologuées.
À l'issue d'un courte période de janvier à mars 1944, où il servit comme instructeur au groupe de dépôt de la chasse du secteur-Est (Ergänzungs-Jagdgruppe Ost) basé près de Biarritz, il retourne au combat en tant que Leutnant (sous-lieutenant) et Staffelkapitän du 3/JG.54, obtient sa cent quarantième victoire quelques jours plus tard, le 30 mars. Il lui faudra moins de sept mois pour se hisser au niveau des meilleurs et de se voir remettre les plus hautes décorations auxquelles puisse prétendre un soldat allemand.
Ainsi il recevra l’Eichenlaub (feuille de chêne) de la Ritterkreuz, en tant que 449e récipiendaire, le 11 avril et les Schwerter (glaives ou épées) le 25 novembre avec un palmarès s'établissant alors à 239 victoires. Une aussi exceptionnelle série de succès (quatre-vingt-dix-neuf victoires en moins de huit mois) ne l'amena en rien à prendre moins de risques et celui que les fantassins avaient pris l'habitude de surnommer le « tueur de bouchers » pour son habileté à abattre les avions d'assaut blindés soviétiques Iliouchine Il-2 (les « bouchers » en question) se sentit toujours responsable de la protection de ses frères d'arme de la Heer (Armée de Terre).
1945 : la fin d'un grand et modeste combattant
C'est pourquoi, le 14 février 1945, il décolla à bord de son Fw190 A8 (W.Nr 960 282) « Noir 1 » pour une mission d'intervention d'Iliouchine Il2 Sturmovik au-dessus de Dzukste, dans la poche de Courlande. Selon un témoin, l’Oberfähnrich (aspirant) Renner, il attaqua une formation de huit appareils soviétiques, en endommagea gravement un, mais touché par le feu des mitrailleuses arrière des Sturmovik, son Focke Wulf prit feu et s'écrasa au sol. C'était la première fois qu'un de ses adversaires arrivait à le toucher en l'air.
Au cours de 583 missions de guerre, l’Oberleutnant Otto Kittel avait obtenu 267 victoires homologuées, dont 94 contre des Il2. Ce score le plaçait à la quatrième place des plus grands as du monde et de l'histoire.