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Les kamikazes

Les Kamikazes

Kamikaze est un mot composé, signifiant « vent divin » en japonais (de Kami  « dieu » et kaze « vent »).

Un kamikaze est un militaire de l'Empire du Japon qui, durant la Seconde Guerre mondiale, effectuait une mission-suicide pendant les campagnes du Pacifique. Il avait pour objectif d'écraser son avion ou son sous-marin sur les navires américains et alliés. C'était une tactique militaire désespérée pour livrer une charge explosive sur une cible avec une probabilité maximale d'atteinte. Au cérémonial de départ d'une attaque, les militaires vouaient allégeance à Hirohito et récitaient un haiku en référence au devoir de sacrifice.

Par extension, ce terme signifie aussi aujourd'hui toute personne qui sacrifie sa vie volontairement dans un attentat-suicide. Plus largement encore, un acte par lequel quelqu'un sacrifie sa carrière, son avenir, est qualifié de kamikaze.

Les authentiques kamikazes étaient des malgré-nous, contraints à cet acte par l'état-major militaire et la pression sociale, peu d'entre eux étaient réellement fanatisés. Au Japon, l'appellation tokkotai demeure d'usage plus courant.

Étymologie

À l'origine, le mot Kamikaze provient d'un événement historique : l'invasion mongole de 1274. La flotte de Kubilai Khan aborda la baie de Hakata et attaqua les Japonais. Après une journée lourde en pertes pour les Japonais, un typhon se leva et rafla une grande partie de la flotte des envahisseurs, ce qui les obligea à battre en retraite. Les Japonais remercièrent cette intervention de la providence et appelèrent ce typhon « Vent divin » (Kamikaze).

Histoire

À l'été 1944, le quartier général impérial, afin de freiner la poussée ennemie, décide de constituer une unité spéciale d'attaque (Tokkōtai), chargée par son sacrifice d'invoquer les Kami pour réitérer le miracle de 1274.

Cette unité était composée en majorité d'étudiants convoqués sous les drapeaux (ils avaient été épargnés jusque là, devant constituer l'élite du futur empire). Les soldats décollaient sans parachute, et ne revenaient à leur base qu'en l'absence de navires ennemis. L'appel dans cette unité était à la fois un honneur important et une sentence de mort.

La première apparition officielle des kamikazes a lieu pendant la bataille du golfe de Leyte en octobre1942. Ces escadrons furent formés par le vice-amiral Takijiro Onishi.

Le premier était commandé par le lieutenant Yukio Seki. Les 5 « volontaires » Kamikaze, menés par le Lieutenant Seki pilotaient des A6M5 Modèle 52 « Zéro », chaque avion emmenant une bombe de 250 kg. Ils plongèrent délibérément avec leurs appareils sur les navires de l'U.S. Navy dans ce qui est reconnu pour être la première attaque officielle réussie d'un escadron suicide.

L'attaque fut un réel succès puisque quatre des cinq pilotes engagés réussirent à toucher leurs cibles, infligeant ainsi d'importants dommages. Un A6M5, vraisemblablement piloté par le Lieutenant Seki, s'écrasa sur le pont d'envol du porte-avions d'escorte USS St. Lo à 10 h 53.

La bombe du Zéro explosa sur le hangar de pont bâbord. S'ensuivit un incendie et des explosions secondaires qui, à leur tour, firent sauter des torpilles et la réserve de bombes de l'USS St Lo. Le porte-avions sombra une demi-heure plus tard, 126 de ses hommes ayant été tués.

Avant de partir en mission, le Lieutenant Yukio Seki aurait déclaré ceci : « L'avenir du Japon est bien morne s'il est obligé de tuer l'un de ses meilleurs pilotes. Je ne fais pas cette mission pour l'Empereur ou l'Empire… Je la fais car j'en ai reçu l'ordre ! » Environ quarante navires américains et alliés furent coulés de cette façon, et une centaine endommagés.

Les plus grosses attaques ont eu lieu à Okinawa, lors des opérations Kikusui, mettant en jeu plus de 400 avions suicides, ainsi que les premiers Ohka. À Okinawa, les Américains ont perdu 20 navires coulés par des kamikazes (contre 9 par attaques conventionnelles) pour plus de 200 touchés à des degrés divers.

À plusieurs reprises, des avions japonais se sont également jetés en plein vol sur d'autres avions américains, notamment des bombardiers lourds croisés en chemin.

Les kamikazes utilisaient généralement des Mitsubishi A 6MZéro, ou tout autre appareil dépassé. En pratique, toutes sortes d'avions ont été utilisés. Des modèles particulièrement rudimentaires ont même été développés spécialement pour les attaques spéciales, comme le KI-115, particulièrement rustique.

On peut aussi citer le remarquable D4Y4, un bombardier en piqué munis de fusées pour améliorer sa vitesse lors du piqué final. Il existait aussi des vedettes rapides (Shinyô), des sous-marins de poche suicides (Kôhyôteki, kôryû et Kairyû) des torpilles humaines monoplaces à turbines appelées Kaiten (départ vers le ciel en japonais) et des bombes suicides (Yokosuka MXY7 Ohka), mais les résultats furent décevants pour l'amirauté japonaise.

Il est cependant à noter que, concernant les vedettes rapides et les Kaiten, tous les pilotes n'étaient pas prêts à mourir. Ces engins étaient en effet équipés de « trappes d'évacuations rapides » sensées permettre à ces pilotes d'échapper à la mort. Cependant elles étaient en pratique inutilisables à grande vitesse.

Les japonais ont également utilisé des parachutistes kamikazes, qui la plupart du temps subissaient de lourdes pertes pour des résultats négligeables. On peut néanmoins citer une attaque réussie : celle de l'aérodrome de Yontan. 9 appareils, emportant chacun 14 paras y ont participé.

4 ont été abattus en chemin et 4 autres par la DCA de l'aérodrome. 10 paras ont été épargnés et ce sont précipités vers les avions américains. Ils ont détruit 9 appareils, en endommageant 26 autres, tout en brûlant 265 000 litres de carburant et en tuant 2 marines (plus 18 blessés).

Après la guerre, l'image des kamikazes au Japon devint ambivalente, à la fois celle d'un passé que le pays voulait abandonner et un pilier de la tradition pour les plus conservateurs.

Les Autres pays

Quel que soit le pays auquel appartient le pilote qui se jette sur sa victime, les pratiques kamikazes sont le plus souvent menées dans une atmosphère de catastrophe et d'action de la dernière chance devant un ennemi toujours plus nombreux et en apparence invincible.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon ne fut pas le seul pays à prendre ce genre d'initiatives. En octobre 1944, sous le régime nazi, Goering fit appel en dernier recours à des unités aériennes qui devaient s'écraser sur des objectifs alliés lors de l'invasion du Vaterland.

Ce fut au début de l'année 1941 qu'un pilote d'essais de Junker, Siegfried Holzbauer suggéra son idée au RLM (ministère de l'aviation allemande) de faire usage des carlingues du Ju88 tombé en désuétude en tant que bombe volante guidée vers sa cible par un appareil transporteur fixé sur son dos. Cette idée unique fut finalement approuvée deux ans plus tard et une série de vols d'essai commença en juin 1943.

Le compartiment d'équipage à l'avant de l'appareil du JU-88 fut remplacé par une énorme charge explosive de 1.8m. de diamètre pesant 3.5 tonnes, et un appareil transporteur BF-109 fut fixé au dos de la bombe à l'aide d'une superstructure DFS consistant en une paire de tripodes et d'un seul support d'aile. La première conversion fut appelée Mistel 1.

Il avait pour but d'attaquer la flotte britannique à Scapa flow en décembre 1944, mais l'opération fut reportée et finalement abandonnée. La seconde version, le Mistel 2 accouplé avec un FW-190A-6 fut complété en novembre 1944.

Un réservoir largable modifié avec une capacité de carburant augmentée fut fournie au FW-190 et le JU-88 transportait un réservoir à carburant conçu spécialement pour un vol longue distance pour parcourir le long trajet nécessaire à l'opération " Iron hammer " prévue pour mars 1945 pour une attaque de 100 Mistel 2 contre l'industrie d'armement soviétique, les centrales électriques comprises.

Toutefois, cette action ne fut mise en pratique que de manière très minoritaire par rapport aux frappes massives de l'armée japonaise. De plus, certains pilotes désobéirent à ces ordres, la notion d'honneur n'étant pas comparable avec la vision japonaise. Néanmoins plus d'une centaine de jeunes pilotes de la Luftwaffe se sont portés volontaires ; seuls six d'entre eux ont survécu.

Quelques initiatives similaires eurent lieu durant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale :

Des pilotes russes et allemands sectionnaient les ailes des avions ennemis avec leurs propres ailes ou entraient volontairement en collision avec l'appareil adverse ; pour ces actions sur le Front de l'Est, on parle d'attaque Taran :

Le Terme aéronautique russe Taran, signifie une victoire aérienne obtenue par un « abordage volontaire » en plein ciel.

Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs centaines de pilotes de chasse soviétiques abattirent, en vol, des avions ennemis, en précipitant dessus leur propre appareil, délibérément sacrifié. Cette méthode pour le moins suicidaire et impressionnante fut, contrairement à une opinion largement répandue, qui n'y voyait que la marque d'un héroïsme désespéré, une tactique généralement réfléchie et préméditée ; à preuve l'exemple de plusieurs As aériens qui l'employèrent à plusieurs reprises et y survécurent.

Dès le 22 juin 1941, premier jour de l'opération Barbarossa, ce ne sont pas moins de quatorze avions allemands qui furent revendiqués comme détruits par abordage volontaire en vol. Une heure seulement après le début de l'offensive hitlérienne, le lieutenant I.I. Ivanov , du 46 IAP (ou 46e Régiment de chasse), ayant épuisé toutes ses munitions éperonna volontairement son appareil I-16 en le précipitant contre un bombardier Heinkel He 111, au-dessus du village de Doubno, en Ukraine ; il devait recevoir, à titre posthume l'étoile de Héros de l'Union soviétique, le 2 août 1941.

Des pilotes français se jetèrent volontairement sur des appareils et des troupes allemandes au cours de la bataille de France, notamment à partir de juin 1940.

Certains pilotes de la Royal Air Force projetèrent leur avion contre les V1 allemands