Hiroshima Nagasaki

Hiroshima fut fondée en 1589 sur la côte nord de la mer intérieure de Seto (Setonaikai) par le seigneur féodal Terumoto Mori. Celui-ci construisit le château de Hiroshima sur la plus grande des îles que formaient les bras de la rivière Otagawa, d'où le nom que prit la ville.

Hiroshima devint un centre urbain d'importance durant l'ère Meiji. Pendant la première guerre sino-japonaise, Hiroshima devint l'une des principales bases logistiques de l'armée impériale japonaise. Elle conserva cette fonction au cours de l'ère Showa.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Hiroshima fut un centre stratégique assurant la défense terrestre de tout le sud du Japon ainsi qu'un centre industriel de première importance. Juste en face du port de la ville, sur l'île d'Okunoshima, était établie une usine de fabrication de gaz toxique affiliée au réseau d'unités de recherche de Shiro Ishii.

Avec l'expansion de l'empire, différents types d'armes chimiques y furent produites comme le gaz moutarde, l'ypérite, le lewisite et le cyanure. Ces gaz étaient notamment utilisés contre les soldats et les civils chinois ainsi que dans les expérimentations sur des humains par les unités de Shiro Ishii.

En 1945, l'armée Américaine avait retenu quatre objectifs : Hiroshima, Nagasaki, Kokura et Niigata

Enola Gay est le nom de l'avion Boeing B-29 Superfortress qui a largué sur la ville de Hiroshima le 6 août 1945 la première Bombe A utilisée comme arme de guerre : Little Boy, lors de la mission Dimples 82.

Enola Gay était un bombardier de l'U.S. Army Air Force's 509th Composite Group construit par l'usine Glenn L. Martin d'Omaha. Il avait pris son envol pour Hiroshima depuis Tinian, l'une des îles Mariannes.

Le pilote de l'avion, le Colonel Paul Tibbets, l'avait baptisé ainsi en hommage à sa mère, Enola Gay Hazard Tibbets, pour que l'avion soit « sous une bonne étoile » (dixit Tibbets).

Trois jours après, Bockscar, un autre B-29, largua une bombe A surnommée Fat Man sur Nagasaki. Little Boy et Fat Man sont à ce jour les seules armes nucléaires à avoir été utilisées en temps de guerre sur des populations civiles.

Enola Gay sera également déployé durant le raid sur Nagasaki avec George William Marquadt aux commandes. Sa mission durant cette seconde attaque sera la reconnaissance météorologique au dessus de Kokura (cible alternative).

Le 509th existe toujours aujourd'hui dans l'US Air Force. Basé à Whiteman AFB, Missouri, le 509th Bomb Wing met en œuvre le bombardier furtif B-2A Spirit.

Deux heures après la réussite de l'essai Trinity, les bombes Fat Man et Little Boy prirent le départ depuis San Francisco en direction de Tinian à bord du croiseur USS Indianapolis. Les Américains avaient prévu deux attaques si la première ne s'avérait pas suffisante. Le 26 juillet 1945, elles arrivèrent sur la base américaine.

Little Boy fut installée dans le B-29 mais ne fut pas armée comme cela était initialement prévu. On craignait en effet que le B-29 s'écrase et que la bombe se déclenche accidentellement, pulvérisant immédiatement l'île. Les accidents avec ces bombardiers étaient courants et les militaires ne voulaient pas prendre ce risque.

Il fut décidé que l'armement se ferait après le décollage, une des phases les plus délicates de la mission. L'équipe s'entraîna sans relâche pour peaufiner la mission et plus particulièrement le capitaine William Parsons qui était chargé d'armer la bombe en vol avec toutes les responsabilités que cela impliquait.

Tibbets décida ensuite de nommer le B-29 avec un nom unique, celui de sa mère. Peu avant le décollage, des journalistes s'étaient amassés autour du bombardier pour immortaliser l'évènement.

À 2h45, le matin du 6 août 1945, Enola Gay prit difficilement son envol à cause du poids important de la bombe (environ 4 tonnes). La mission comprenait six autres B-29 pour les mesures, les reconnaissances et les photographies :

  • The Great Artiste (nom de mission Dimples 89) piloté par Charles Sweeney (instruments de mesure)
  • Necessary Evil (surnom donné ultérieurement — nom de mission Dimples 91) piloté par George William Marquardt (photographies)
  • Top Secret (Dimples 72), avion de réserve en cas de problèmes mécaniques (il volait en direction d'Iwo Jima)
  • Straight Flush (Dimples 85), reconnaissance météorologique au dessus d'Hiroshima
  • Jabbit III (Dimples 71), reconnaissance météorologique au dessus de Kokura (cible alternative)
  • Full House (Dimples 83), reconnaissance météorologique au dessus de Nagasaki (cible alternative).

Le 6 août 1945 à 2 h 45 (heure locale), le bombardier B29 Enola Gay piloté par Paul Tibbets, décolle de la base de Tinian, avec à son bord une bombe atomique à l'uranium 235 d'une puissance de 12 kilotonnes, surnommée Little Boy. L'équipage est composé de douze hommes, dont quatre scientifiques. Deux autres B-29 l'escortent, emportant les instruments scientifiques destinés à l'analyse de l'explosion.

À 7 h 09, l'alarme aérienne est déclenchée à Hiroshima ; un avion isolé est repéré. Il s'agit du B29 d'observation météorologique Straight Flush. Au même moment, deux autres appareils survolent Kokura et Nagasaki pour une mission de reconnaissance identique. Les conditions météorologiques sont très bonnes au-dessus de Hiroshima ; la ville est choisie comme cible.

Au sol, l'alerte aérienne est levée à 7 h 30. La ville a été peu bombardée pendant la guerre et les habitants ont l'habitude de voir les bombardiers américains survoler leur ville pour se rendre plus au nord.

Le bombardier ne rencontra aucune résistance ennemie et atteignit sans encombre les côtes japonaises. Précédé par Straight Flush qui provoqua une alarme à Hiroshima, Enola Gay eut le feu vert pour l'attaque. Les Japonais levèrent l'alerte car seuls trois avions s'approchaient à haute altitude et semblaient se diriger vers une autre ville.

Armée en vol par Parsons et Jeppson, la bombe fut larguée à 8h15 sur Hiroshima. À 8 h 16 min 2 s (heure locale), après 43 secondes de chute libre, elle explosa à 580 mètres au-dessus de la ville occasionnant près de 250 000 victimes. 

Enola Gay s'était déjà éloigné après avoir effectué un virage serré de 155°. Les membres de l'équipage, protégés par des lunettes, purent assister à l'explosion et rentrèrent à Tinian où ils furent décorés pour leur mission.

L'explosion, équivalent à celle de 15 000 tonnes de TNT, rase instantanément la ville.

75 000 personnes sont tuées sur le coup dont un tiers de militaires, la ville étant entre autres le siège de la 2e Armée, chargée de la défense de l'ouest du Japon, et de nombreux arsenaux et bases aériennes. Dans les semaines qui suivent, plus de 50 000 personnes supplémentaires meurent. Le nombre total de morts reste imprécis ; il est de l'ordre de 250 000. Sur les 90 000 bâtiments de la ville, 62 000 sont totalement détruits.

Il ne resta aucune trace des habitants situés à moins de 500 mètres du lieu de l'explosion.

Au retour, les aviateurs verront pendant 500 kilomètres le champignon qui, en deux minutes, a atteint 10 000 mètres d'altitude. L’Enola Gay atterrit six heures plus tard à Tinian. Son équipage est aussitôt décoré.

À son bord, Enola Gay comptait 12 hommes :

  • Colonel Paul Tibbets (pilote), décédé le 1er novembre 2007.
  • Capitaine Robert Lewis (copilote)
  • Major Thomas Ferebee (bombardier)
  • Capitaine Theodore « Dutch » Van Kirk (navigateur)
  • Lieutenant Jacob Beser (contre-mesures), il sera le seul homme à naviguer sur les deux B-29 utilisés pour larguer les bombes atomiques
  • Capitaine de US Navy William Sterling « Deak » Parsons (armement bombe)
  • Second Lieutenant Morris R. Jeppson (assistant armement bombe)
  • Sergent Joe Stiborik (radar)
  • Sergent George R. Caron (mitrailleuse arrière). C'est grâce à lui qu'il existe des photos du champignon nucléaire ; il fut le seul dans l'appareil à voir celui-ci se former.
  • Sergent Robert Shumard (assistant ingénieur de vol)
  • Première Classe Richard Nelson (radio)
  • Sergent Technique Wayne Duzenberry (assistant ingénieur de vol)

Le  9 août 1945 à 11h02 du matin, le B29 Bockscar piloté par Charles Sweeney, parti de Tinian dans les îles Mariannes du Nord, largua la bombe atomique Fat Man sur la ville : elle explosa à 580 m d'altitude, à l'aplomb du quartier Urakami. Ce fut la seconde explosion nucléaire au Japon, trois jours après celle d'Hiroshima.

Cette bombe était une bombe au plutonium de 17 kilotonnes, différente de celle d'Hiroshima (uranium 235), mais semblable à celle de l'essai Trinity, réalisé à Alamogordo, le 15 juillet 1945.

Le scénario d'Hiroshima se reproduit, à peine moins meurtrier. En effet, la topographie de Nagasaki en fait un site plus ouvert alors que les collines ceignant Hiroshima avaient amplifié les effets dévastateurs de l'explosion.

75 000 des 240 000 habitants de Nagasaki furent tués sur le coup, et au moins autant d'habitants décédèrent des suites de leurs maladies ou de leurs blessures non seulement des Japonais mais aussi 13000 Coréens  (travailleurs forcés pour la plupart) et 200 prisonniers de guerre alliés.

La cathédrale chrétienne d'Urakami, le principal lieu de culte catholique du Japon, presque à l'aplomb du largage (dit hypocentre), confondue avec un bâtiment portuaire, est entièrement détruite. Le bombardier devait viser les quais Mitsubishi. Mais l'objectif initial du B-29 était Kokura, devenue depuis un quartier de Kitakyushu, au nord de Kyushu : malgré trois survols de Bockscar, les nuages sauvèrent cette ville.

Treize hommes composaient l'équipage de Bockscar durant le raid sur Nagasaki :

  • Major Charles Sweeney (pilote)
  • 1er lieutenant Charles « Don » Albury (copilote)
  • 2nd lieutenant Fred Olivi (copilote)
  • Sergent Raymont « Kermit » Beahan (bombardier)
  • Caporal Abe Spitzer (opérateur radio)
  • Sergent Ray Gallagher (mitrailleur, assistant ingénieur de vol)
  • Sergent Edward Buckley (opérateur radar)
  • Sergent Albert Dehart (mitrailleuse arrière)
  • Sergent-chef John Kuharek (ingénieur de vol)
  • Capitaine James Van Pelt (navigateur)
  • Commander Frederick L. Ashworth (armement bombe)
  • Lieutenant Philip Barnes (assistant bombe)
  • Lieutenant Jacob Beser (contre-mesures), il fut le seul homme à naviguer sur les deux B-29 utilisés pour larguer les bombes atomiques.