La D.C.A (Défense Contre les Aéronefs)
Les Canons antiaérien
Les canons antiaériens sont des armes à feu de moyen ou gros calibre qui ont été créés pour défendre l'infanterie et les blindés (chars d'assaut, transports de troupes…) des attaques aériennes: leur histoire est donc liée à l'histoire de l'aviation militaire et le premier élément de la lutte antiaérienne.
Les canons antiaériens ont en général un calibre très petit (<30 mm), ce qui leur permet d'utiliser des obus plus légers, avec une cadence de tir bien plus élevé que les obus classiques du fait que leurs projectiles n'atteignent pas tous leur cible et que les avions volent vite.
Ils sont installés sur un support fixe (bases militaires, villes importantes…) ou mobile (transports de troupes, navires de guerre…) inclinable à presque 90° (verticalement) qui peut tourner sur lui-même.
C'est durant la Première Guerre mondiale, qu'eurent lieu les premiers combats aériens. Parallèlement aux chasseurs, furent développés des avions dont le rôle était de « bombarder » les tranchées ennemies (en fait, au tout début, il ne s'agissait pas de bombardement tel que nous le concevons actuellement: les pilotes lançaient des briques, des grenades, des pierres… voire des boites de corned-beef à la main de leur avion). Les poilus durent donc apprendre à se défendre contre ces « bombardiers ».
Ce n'est que lors de la Seconde Guerre mondiale que les canons antiaériens furent réellement utilisés. Ils furent très utiles aux britanniques pendant le Blitz, couplés avec leur système radar. Les allemands utilisaient aussi les canons de Flak, mais malgré de lourdes pertes infligées aux bombardiers alliés, ils ne purent que ralentir le rouleau compresseur du Royal Air Force Bomber Command et de l'USAF. On utilisa des pièces d'artillerie de tout calibre allant jusqu'à 128 mm.
La Flak
Flak est l'abréviation d'un mot allemand: Fliegerabwehrkanone, signifiant canon antiaérien. Le mot peut être pris selon deux sens : la flak (lui-même abréviation de Flakartillerie) étant le nom générique des unités de batteries antiaériennes statiques, ou les unités de DCA attachées aux unités combattantes; le flak peut désigner quant à lui un canon antiaérien (par exemple le Flak 43).
La Flak, entendue comme DCA de défense du territoire, fait partie de la Luftwaffe, tout comme les radars. Elle en constitue même l’élément principal, puisque sur les 1 500 000 hommes appartenant à l’armée de l’air en 1939, les deux tiers environ sont à des postes antiaériens. Leur nombre augmentera encore avec le nombre croissant des bombardements sur le Reich. Seront enrôlés de nombreuses femmes et jeunes à partir de 1943 pour servir les équipes de projecteurs ou comme servants de pièces ainsi que des prisonniers de guerre. La Flak défend alors les zones industrielles et urbaines, soumises à un bombardement incessant. Seules quelques unités ne font pas partie de la Luftwaffe et sont rattachées à la Kriegsmarine et à la Waffen-SS.
La DCA territoriale, malgré ses forts effectifs, n’infligera jamais suffisamment de pertes au Bomber Command allié pour qu’il envisage une suspension des bombardements.
Les formations combattantes de la Wehrmacht sont quasiment toutes dotées de matériel antiaérien, regroupés dans des unités distinctes. Leur nécessité tactique se fera de plus en plus sentir avec la supériorité aérienne alliée, qui harcèle les troupes au sol, à l’Est (bombardier tactique Iliouchine Il-2 Sturmovik) et surtout à l’Ouest (chasseurs-bombardiers). Plus encore, les Panzer-divisionen doivent faire face aux avions chasseurs de chars, et sont équipés d’artillerie aérienne mobile, montée sur camions, semi-chenillés ou blindés (Flakpanzer). Chaque Panzerdivision comporte, en 1944, un bataillon de Flak.
Elle endommagea ou détruisit plus d'avions alliés que la Luftwaffe elle-même. Ainsi, de juillet 1942 à mai 1945, si les britanniques attribuèrent la perte de 2 278 de leurs bombardiers à la chasse allemande (contre "seulement" 1 345 du fait de l'artillerie antiaérienne), ils reconnurent que 8 848 autres appareils avaient été endommagés par la FLAK, contre 1 728 par la chasse.
La pratique la plus courante était celle du tir de barrage, certes efficace contre des bombardiers évoluant en groupes, mais extraordinairement vorace en munitions. En 1942, on estimait par exemple que la destruction d'un bombardier allié en plein vol nécessitait une moyenne de 4 057 obus. Mais il en fallait plus de 33 000 à la fin de 1944. De même, la consommation d'obus, estimée à 500 000 par mois en 1941/42 était passée à plus de 3 millions par mois ! En 1944, plus de deux millions de soldats et de civils étaient liés directement ou indirectement à l'artillerie anti-aérienne, qui absorba 30% de tous les canons et 20% de tous les obus produits durant l'année.
Les canons antiaériens de la Flak
Les canons de la flak se divisent en deux grandes catégories, canons légers, à tir automatique ; et les canons lourds, plus statiques, à plus grande portée et à obus explosifs. Tandis que les premiers comptent sur un impact direct contre l’appareil ennemi pour lui infliger des dommages, les obus lourds sont dangereux aussi par leur explosion préréglée.
Les Canons automatiques
Le Flak 30 est un canon-mitrailleuse tirant des obus de 20 mm à une cadence de 120 coups/min. (chargeurs de 20 obus). Il fut construit à partir de 1934. 18 000 exemplaires de Flak 30 et 38 furent construits.
Caractéristique :
- Poids : 450 kg en position fixe.
- Portée : 2,2 km en altitude.
- Servants : 7
Le Flak 38 lui succède en 1939. D’un calibre de 20 mm, sa cadence est de 180/220 coups/min. Il est aussi monté sur le Flakpanzer 38 Gepard.
Caractéristique :
- Poids : 405 kg.
- Portée : 2,2 km en altitude.
- Servants : 7
Le Flakvierling 38 est un canon quadruple (augmentation de la puissance de feu à 800 coups/min, un simple 20 mm étant très insuffisant).
Quatre Flak 38 sont montés sur un affût. Plusieurs véhicules seront dotés de ce matériel : Flakpanzer IV Wirbelwind et quelques FlakPz IV Möbelwagen.
Devant l’insuffisance du calibre 20 mm face aux chasseurs-bombardiers, il est décidé de produire un canon automatique de 37 mm.
Le Flak 36/37 tire ses obus explosifs de 37 mm à la cadence de 80/120 coups/min. Le semi-chenillé SdKfz 6/2 utilise ce canon qui peut abattre un appareil d’un seul coup direct.
Caractéristique :
- Poids : 1,5 tonne.
- Portée : 4,8 km en altitude.
Le Flak 43. Quasi-identique au précédent, doté d'un bouclier (1942. 928 exemplaires). Équipe les Flakpanzer IV Möbelwagen et Ostwind, et les SdKfz 7/2.
Caractéristique :
- Poids : 1,2 tonne.
- Portée : 4,8 km.
En 1944-45, il est décidé de modifier des canons-mitrailleuses d’avions pour les utiliser sur véhicules :
Les mg 151/15 et 151/20 de 15 mm et 20 mm sont montés en tritube sur le SdKfz 251/21. Cadence de tir : 800 coups/min.
Le puissant MK 103/38 Jaboschreck de 30 mm L45 en bitube équipe le FlakPz Kugelblitz. 250 coups/min, plafond 2,6 km.
À la fin de la guerre, d’autres flak étaient à l’étude, comme le Flak 44 de 37L57, devant équiper le Flakpanther Coelian (200 coups/min).
Les Canons lourds
Le 88.
Le plus célèbre canon antiaérien de la guerre est le « 88 ». La dénomination (calibre 88 mm) regroupe les Flak 18(1933) évolution d'une étude d'un geschütze canon Kw Flak 17 développé par KRUPP (1917), Flak 36/37 et Flak 41 (25 000 ex. construits).
Canon lourd à chargement manuel (env. 12-15 coups/min), il est avant tout destiné à la défense statique, stratégique (contre les bombardiers), regroupé en batteries appuyées par des projecteurs ou des radars.
Mais il est fourni aussi aux unités combattantes qui le tractent derrière des camions ou des semi-chenillés. Ce sont elles qui lui assignèrent une nouvelle fonction, celle d’être canon antichar.
Caractéristique :
- Poids : 5 tonnes.
- Portée : 10 km en altitude.
- Servants : 11
Le Flak 40 est plus lourd encore. Son calibre de 128 mm s’avère destructeur, et il sera lui aussi modifié en canon antichar et même intégré sur un châssis rallongé de KOENINGS TIGER (tigre2) et portera l'appellation de JAGDTIGER. Certains affûts comportent un double canon. Il fut mis en service en 1941.
Caractéristique :
- Portée : 11,5 km en altitude
Les moins construits furent les Flak 38 et 39 de 105 mm.
Le Flakpanzer IV
Le Flakpanzer IV est un char antiaérien allemand de la seconde guerre mondiale, qui était utilisé pour protéger les unités blindées. Il a été décliné en quatre versions, Möbelwagen, Wirbelwind, Ostwind et Kugelblitz.
En aout 1944 est décidé le développement d'un système anti-aérien basé sur le châssis du PzKpfw IV et avec pour armement un canon 43 L/60 de 37 mm.
Le canon placé dans une tour à six côtés pouvait effectuer une rotation de 360° et par conséquent pouvait donner une protection efficace contre les menaces aériennes.
Il fut utilisé dans les unités Flugabwehrzug (pelotons antiaériens) dans les régiments Panzer.
Le Flakpanzer IV Möbelwagen
Le Möbelwagen était un simple châssis de PzKfw IV sur lequel était monté un canon Flak 43 de 37 mm (et parfois le 20 mm quadruple Flakvierling), protégé par quatre volets blindés rabattables (env. 200 ex. en 1944).
Le Flakpanzer IV Wirbelwind
Plus abouti, le Flakpanzer IV Wirbelwind (87 ex.) accueillait dans une tourelle ouverte à 9 côtés un 20 mm quadruple Flakvierling.
Flakpanzer IV Ostwind
De même, le Flakpanzer IV Ostwind (44 ex.) utilisait un Flak 43 dans une tourelle à 6 côtés.