Les Sorciéres de la nuit

Les Sorcières de la Nuit était le surnom donné par la Lufwaffe, aux Femmes Pilotes du 46ème Régiment de Bombardier de Nuit lors de la seconde guerre mondiale.

Suites aux pertes catastrophiques subies par les V V S (forces aérienne soviétique) au cours de l’été 1941 pendant l’opération Barbarossa, Staline demanda à l’une de ses meilleures aviatrices, Marina Raskova, de constituer trois régiments de femmes pilotes. En 1938, Marina Raskova remporte un record féminin en traversant l'Union Soviétique sur près de 5900 km, en 26 heures et 29 minutes, à bord d’un ANT-37.

Plus de 200 aviatrices sont recrutées, elles ont presque toutes entre 18 et 21 ans. La plupart d’entre elles sont issues des aéro-clubs, très en vogue en URSS à cette époque.
En octobre 1941, les trois régiments sont constitués :
- Le 586ème Régiment de Chasse, tout d’abord équipé de Yakovlev Yak-1, puis de Yak-9 et de Yak-3.
- Le 587ème Régiment de Bombardement, qui utilisera des Suhkoï Su-2, puis des Peltyakov Pe-2.
- Le 588ème Régiment de Bombardement de Nuit qui harcelera la Wehrmacht avec de vieux biplans Polikarpov U2 (Po2).
Ces trois régiments partent pour une petite ville appelée Engels sur le fleuve Volga, au nord de Stalingrad.

Elles reçoivent des uniformes masculins qui sont bien trop grand pour elles. Elles mettent du papier journal dans leurs bottes et portent une ceinture à la taille. Avec la Major Marina Raskova comme commandant et la major Yevdokia Bershanskaya comme commandant en second, ces jeunes femmes commencent un entraînement intensif : elles vont recevoir en 6 mois une formation qui dure normalement 18 mois. Marina Raskova et Yevdokia Bershanskaya évaluent les qualités de leurs élèves dont la plupart désirent être versée dans une unité de chasse.

En fonction de l’expérience et des qualités de chacune, leur orientation comme pilote de chasse ou de bombardier, radio-navigatrice, mitrailleuse, mécaniciennes ou armurières, exigent beaucoup de compétence, de psychologie et de persuasion de la part de Marina dont l’autorité naturelle est incontestée.

Cette formation est formée à l'instigation de Marina Raskova et commandée par la Major Ievdokia Berchanskaïa.

En juin 1942, le 588e NBAP fait partie de la 4e armée de l'air soviétique. En février 1943, le régiment est réorganisé dans le 46erégiments de bombardiers de nuits et en octobre 1943 il devient le Gv 46 NBAP « Taman ».

Le régiment effectue des missions de bombardements de harcèlement et de bombardement de précision de 1942 à la fin de la guerre. Il y eut un maximum de 40 équipes de deux personnes dans sa plus grande configuration. Il a effectué plus de 23 000 sorties et a lâché près de 3 000 tonnes de bombes. C'est l'unité la plus décorée de la Force de l'air soviétique, chaque pilote ayant effectué près de 1 000 missions jusqu'à fin de la guerre et vingt-trois pilotes ont obtenu le titre de Héros de l'Union soviétique. Trente et un de ses membres sont morts au combat.

Le régiment a volé sur les avions biplans obsolètes Polikarpov U2 (Po2) en bois et toile, un avion conçu en 1928 destiné à être utilisé comme avion d'entraînement et pour la pulvérisation sur les récoltes. Ces avions ne peuvent transporter que deux bombes à la fois, donc plusieurs missions dans la nuit étaient nécessaires. Bien que les avions furent obsolètes et lents, les pilotes ont fait un usage audacieux de leur manœuvrabilité exceptionnelle, ils avaient l'avantage d'avoir une vitesse maximale inférieure à la vitesse de décrochage des Messerschmitt Bf 109 et Focke-Wulf 190, en conséquence, les pilotes allemands les ont trouvés très difficiles à abattre. Une technique de furtivité des bombardiers de nuit était de passer au ralenti le moteur près de la cible et glisser au point de largage de la bombe, avec le bruit du vent comme simple indice de leur emplacement.

Le 586ème Régiment de Chasse

Les aviatrices après s’être exercées avec des Polikarpov Po-2 trouvent plutôt difficile de se convertir sur le Yak-1, un monoplace beaucoup plus puissant que l’antique U2. Les instructeurs durent les mettre en garde quant à la puissance et au maniement des commandes de cet appareil avant qu’elles effectuent leur premier vol. Le 586ème Régiment de Chasse fut le premier à partir en opérations. Commandées par Tamara Kazarinova, ces aviatrices volent tout d’abord sur le Yak-7B et sur le Yak-1, puis elles furent équipées de Yak-9 et de Yak-3. Le 586ème régiment de chasse effectua 4419 sorties opérationnelles, et fut crédité de 38 victoires.
Le rôle principal du 586ème Régiment consistait dans l’interception des bombardiers ennemis avant qu'ils ne puissent atteindre leurs cibles. Les combats avec les Messerschmitt Bf 109 de l’escorte étaient fréquents.
Au cours d’une mission, deux Yak du 586ème Régiment interceptèrent 42 appareils allemands en mission de bombardement près de Kastornoye. A un contre 24, les deux aviatrices soviétiques réussirent à descendre 4 bombardiers avant de succomber sous les coups de l’escorte de chasse ennemie.
L’une des commandant d’escadrilles, Olga Yamshchikova, a effectué 93 missions
Lilya Litvyak et Ekaterina Budanova ont volé toutes les deux avec le 586ème Régiment du commandant Tamara Kazarinova. Très douées pour le dogfight, elles ont été transférées pour rejoindre leurs camarades masculins du 73ème Régiment de Chasse qui opérait dans les furieuses batailles qui se déroulaient au-dessus de Stalingrad.

Lilya Litvyak et Ekaterina Budanova sont devenues des as de la chasse. Ekaterina Budanova a été crédité de onze victoires, et Lilya Litvyak a remporté douze victoires, ainsi que trois autres partagées avec le régiment. La lieutenant Lilya Litvyak, surnommée la Rose de Stalingrad du fait de sa passion pour les fleurs, fut abattue en combat aérien le 1er août 1943. Elle avait alors 22 ans.

Marina Raskova fut tuée au cours d'un combat aérien en 1943. En son hommage, et à celui de toutes les aviatrices russes, Staline ordonna des obséques nationales. Les cendres de Marina Raskova furent placées dans le mur du Kremlin.

En 1944 l’unité, équipée de chasseurs Yak9, prit part à l’offensive de Hongrie. La 586ème IAP finit la guerre en Autriche sur un des aérodromes occupés . Durant la guerre les femmes pilotes de la 586ème IAP firent 4419 sorties et remporta 38 victories. Les pertes n’ont pas été totalisées.

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